Photo : TILLY Pierre-François Bruxelles / Goodluxe-Studio ©

Étalonnage vidéo, un travail de l’ombre :

Ma première question sera pour vous, cher lecteur.

Peut-être vous êtes vous déjà demandé comment dans le cinéma, la télévision (en fiction), on obtient de sublimes plans alors que quand vous utilisez une caméra vidéo vos plans sont beaux, mais sans plus.

Cette facette du travail arrive généralement en dernier, après le tournage, le montage des images et du son et les effets spéciaux.

Le film est donc au stade final: l’étalonnage. Le principe de l’étalonnage est de faire coïncider tous les plans du film pour éviter les erreurs de raccord lumière/couleur.

Imaginez ceci : Un peintre travail sur sa toile dans son atelier en plan large, vous le voyez de dos et admirez ce qu’il peint, la lumière du soleil baigne dans la pièce. Le plan suivant est un plan sur sa main en train de travailler les détails de sa toile, il y a bien sûr moins de lumière, mais on est toujours dans la même pièce. C’est là que l’étalonneur entre en jeu, pour faire en sorte que les yeux et les cerveaux des spectateurs n’y voient que du feu.

La plupart des caméras professionnelles, dites à  « Imagerie à grande gamme dynamique » fournissent plus de valeur à un même pixel et donc un large éventail pour la retouche. Pour être encore plus clair, le capteur va enregistrer plus d’information pour ensuite offrir l’ajustement parfait via Davinci Resolve ou un autre programme d’étalonnage.

Aujourd’hui les caméras enregistrent dans deux modes différentes,

i) en « mov » avec comme source un codec du genre « ProRes » c’est le plus simple il enregistre directement un fichier vidéo ce qui veux dire qu’après tournage on peut aller en salle de montage.

ii) en format « RAW » ce qui sur les Blackmagic porte l’extension « DNG » pour « Digital Negative ». Toutes les marques ont leur propre format RAW. Il faut savoir qu’avec ce format qui est plus lourd vous enregistrez une suite d’images et qu’il vous faudra un programme pour reconstituer le film avant montage, mais un résultat au de là de ce que vous imaginez. Toujours avec l’espoir que vos réglages soient bons. C’est un peu similaire entre le format RAW et le format Jpeg pour la photo numérique

Maintenant, regarder cette image « rose » voici une image filmée avec ma BlackMagic Pocket Cinema Camera, l’image est comme délavée, il manque du contraste… bref rien ne ressort, on ne distingue pas très bien le sujet principal la rose, des feuilles dernières.

Les programmes d’étalonnage permettent de faire mille choses, de la retouche facile et rapide, mais aussi de créer tous les styles et donnent ainsi une identité, mais aussi permettent de corriger un plan s’il y a eu un problème pendant le tournage.

Sur Davinci Resolve et comme beaucoup d’autres programmes d’étalonnage, c’est un fonctionnement à trois roues chromatiques, c’est-à-dire que tout le spectre des couleurs est représenté.

Regarder cette l’image ci-dessous, elle représente la première partie du travail : les primaires

Généralement la première chose que l’on fait lorsqu’on retouche un plan c’est d’aller rechercher le Contraste. Car évidemment lorsqu’il y a du contraste les différents sujets du plan se détachent.

Lift : les basses lumières (les noirs).

Gamma : les moyennes lumières (les gris)

Gain : les hautes lumières (les blancs)

Offset : pour modifier l’ensemble

Ici vous avez la possibilité donc de déboucher votre plan et même de commencer à lui donner une teinte. Mais il est préférable d’attendre pour cette étape.

Le tableau suivant vous permet de travailler ce qu’on appelle : les secondaires

Ici vous allez retoucher plus précisément le plan. Rendre le ciel plus bleu ou faire ressortir des détails d’un visage ou d’une voiture. Et même apporter une teinte à l’image.

Une fois votre étalonnage fini, il faut apporter un peu de saturation à l’image pour faire ressortir encore la couleur. Il existe plusieurs solutions et plusieurs outils.

La première c’est d’appliquer la même saturation sur toute l’image et pour ça vous pouvez utiliser l’outil « Saturation » qui se trouve en dessous des roues chromatiques des primaires.

La seconde manière est de jouer avec la luminance de votre image. C’est à dire que vous allez baisser la valeur Y. Et ensuite, remonter YRGB ensemble pour revenir sur 1. Le grand avantage de cette solution c’est que vous pouvez travailler uniquement sur les noirs, les gris ou encore les hautes lumières. Vous avez un contrôle total de votre œuvre et apportez votre style.

Mais les programmes d’étalonnage ne s’arrêtent pas là. Vous pouvez aussi faire des masques, isoler une partie de l’image, apporter du flou, faire de la retouche 3D (version payante) et mille choses encore.

Revenons maintenant à notre rose. Comme vous pouvez le voir sur les images si dessus, j’ai dans un premier temps, isolé le rouge de la fleur pour me concentrer sur elle.

Et après un peu de travail (mais surtout beaucoup de plaisir) voir le résultat.

En conclusion de cet article, je vous dirais qu’une chose :

Regarder des films, car vous ne serez jamais au bout de vos surprises concernant l’image.

Si vous désirez voir à quoi sert le travail de l’image je vous recommande quelques films comme ceux de Jean-Pierre Jeunet qui avec son directeur de la photographie, utilise toujours le même genre de lumière assez surexposée et toujours dans les tons chaud comme le jaune ou l’orange (Amélie Poulain, un long dimanche de fiançailles, Mimacs à tire larigot). De même l’américain Tim Burton a son style plus Dark (Batman, Beeteljuice, Sleepy Hollow, Sweeney Todd, Alice aux pays des merveilles…) Je pourrais vous en citer encore beaucoup d’autres comme Gus Van Sant (Elephant, Gerry, Harvey Milk) qui lui reste plus dans le naturel aussi bien dans ses lumières sur le tournage qu’en post-production.

Encore une fois ce métier prouve qu’on ne peut pas faire un film tout seul, faire un film c’est un travail d’équipe qui demande du temps, mais surtout de la passion.

Pour Goodluxe-Studio TILLY Pierre-François cinéaste.